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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/192

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tant la trahison, ils ne prennent jamais confiance aux liens du sang ni à ceux de l’amitié. Un frère ne reçoit pas son frère dans sa maison sans avoir son poignard prêt, et trois ou quatre javelines à portée de ses mains. On voit même quelques pierriers dans leurs avant-cours, quoiqu’ils aient rarement de la poudre pour les charger. Ils font aussi usage de certains tuyaux qui leur servent à souffler de petites flèches d’os de poisson, dont la pointe est empoisonnée et affaiblie par quelques entailles, afin que, venant à se rompre plus aisément, elle demeure dans le corps pour y répandre son infection. En effet, les plaies s’enflamment de manière qu’elles sont presque toujours mortelles. Quelques Hollandais qui avaient été blessés de ces flèches ne laissèrent pas de se rétablir ; mais les habitans, qui connaissaient la force du poison, en témoignèrent beaucoup de surprise.

La dissimulation, la ruse et la fraude sont des vices communs à tous les marchands de Bantam. Ils falsifient particulièrement le poivre en y mêlant du sable et de petites pierres qui en augmentent le poids. Cependant leur commerce est florissant, non-seulement dans leur pays et dans les villes voisines, mais jusqu’à la Chine, et dans la plus grande partie des Indes. On leur apporte du riz de Macassar et de Sombaïa. Il leur vient des cocos de Balambouan. Joartam, Gherrici, Pati, Jouama et d’autres lieux leur envoient du sel, qu’ils