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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/275

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Célèbes n’est pas moins abondante en bestiaux que l’Europe : les bœufs y sont aussi gros, et les vaches y donnent un lait qui n’est pas inférieur au nôtre. Il s’y trouve des chevaux et des buffles. On rencontre dans les forêts des troupeaux de cerfs et de sangliers. L’île n’a point de tigres, ni de lions, ni d’éléphans, ni de rhinocéros ; mais les singes y sont comme en possession de l’empire, autant par leur grandeur et leur férocité que par leur nombre. Les uns sont absolument sans queue ; d’autres ont une queue fort longue et d’une grosseur proportionnée à celle de leur corps. Les seuls ennemis que les singes aient à redouter dans l’île de Célèbes sont d’affreux serpens qui leur donnent la chasse nuit et jour ; quelques-uns sont d’une si prodigieuse grandeur, que d’un seul coup de gueule ils avalent un singe lorsqu’ils peuvent le surprendre ; d’autres, moins gros, mais plus agiles, les poursuivent jusque sur les arbres. Ceux qui ne se sentent point assez forts pour leur faire une guerre ouverte emploient diverses sortes de ruses ; ils observent le temps où les singes s’endorment, et chaque jour leur apporte une nouvelle proie. D’autres, dont le sifflement approche de celui de quelques oiseaux, montent sur les arbres, s’y cachent sous les feuilles et se mettent tranquillement à siffler ; ce bruit attire les singes, qui sont naturellement curieux, et le serpent, qui a comme le choix de sa victime, saute sur celui qu’il veut dévorer, le tient