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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/280

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ques, tout ce qu’on peut désirer pour la commodité d’une grande ville. On y voit de belles places, où le marché se tient deux fois par jour, c’est-à-dire le matin avant le lever du soleil, et le soir une heure avant qu’il se couche. Jamais on n’y rencontre que des femmes. Un homme se rendrait méprisable s’il osait y paraître, et s’exposerait aux dernières insultes de la part des enfans, qui sont élevés dans l’opinion que le sexe viril est réservé pour des occupations plus sérieuses et plus importantes. On nous représente comme un spectacle agréable de voir arriver chaque jour les jeunes filles des bourgs et des villages voisins, chargées, les unes de poisson d’eau douce, qui se prend à cinq ou six lieues de la ville, dans un gros bourg nommé Galezon, où la pêche est établie ; les autres de marée, qu’elles apportent de différens ports, ou de fruits et de vin de palmier, qui viennent particulièrement de Bamtaim, village éloigné de deux lieues ; de volaille, de chair de bœuf et de buffle, qui se vendent dans les mêmes marchés que les fruits et le poisson. Autrefois les insulaires portaient leur zèle pour la loi de Mahomet jusqu’à faire scrupule de manger aucune sorte d’animaux à quatre pieds : mais leur abstinence se borne aujourd’hui à la chair du porc. Cependant on ne voit point de gibier dans les places publiques, parce que le droit de chasser est réservé au roi et aux seigneurs. D’ailleurs le sanglier, qui est le plus commun des animaux