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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/282

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long-temps d’être nourris du lait maternel. À l’âge de cinq ou six ans, tous les enfans mâles de quelque distinction sont mis comme en dépôt chez un parent ou chez un ami, de peur que leur courage ne soit amolli par les caresses de leur mère et par l’habitude d’une tendresse mutuelle. Ils ne retournent point dans leur famille avant l’âge de quinze ou seize ans ; la loi leur donne alors le droit de se marier ; mais il est rare qu’ils usent de cette liberté avant de s’être perfectionnés dans tous les exercices de la guerre. Comme ils naissent presque tous avec de l’inclination pour les armes, ils y acquièrent tant d’habileté, qu’on ne connaît pas d’Indiens plus adroits à monter à cheval, à décocher une flèche, à tirer un fusil, et même à pointer un canon. Il n’y en a point aussi qui manient mieux le cric et le sabre. Le cric, qu’on a souvent nommé dans cet ouvrage, est une arme commune aux Malais, aux Javans, et à d’autres insulaires de l’Inde, mais qui n’est nulle part si redoutable que dans le royaume de Macassar. Sa longueur est d’un pied et demi. Il a la forme d’un poignard, avec cette différence que la lame s’allonge en serpentant. Les Macassarois s’en servent particulièrement dans leurs duels, qui se font de deux manières : tantôt ils se battent avec le sabre et la rondache ; tantôt ils sont armés de deux crics. De celui qu’on tient de la main gauche on écarte et on rabat les coups ; de l’autre on pousse quelques bottes, qui finissent bientôt le com-