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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/310

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minique, de Pariau, de Sainte-Lucie, la Royale, et une poterne.

Ses maisons, quoique de simple charpente, depuis le premier étage jusqu’au sommet, tirent assez d’agrément de leurs belles galeries. Les rues sont larges, mais on y voit quantité d’édifices ruinés par les tremblemens de terre, et peu d’empressement pour les rebâtir. C’est la même raison qui fait que la plupart des maisons sont de bois. On comptait à la fin du dernier siècle trois mille habitans dans Manille, mais nés presque tous de tant d’unions différentes, qu’il a fallu des noms bizarres pour les distinguer. On y donne le nom de créole à celui qui est né d’un Espagnol et d’une Américaine, ou d’un Américain et d’une femme espagnole ; le métis vient d’un Espagnol et d’une Indienne ; le castis, ou le terceron, d’un métis et d’une métisse ; le quarteron, d’un noir et d’une Espagnole ; le mulâtre, d’une femme noire et d’un blanc ; le grifo, d’une noire et d’un mulâtre ; le sambo, d’une mulâtre et d’un Indien ; et le cabra, d’une Indienne et d’un sambo.

Les femmes de qualité, dans Manille, sont vêtues à l’espagnole ; mais celles du commun n’ont pour tout habillement que deux pièces de toile des Indes : le saras, qu’elles s’attachent de la ceinture en bas pour servir de jupe ; et le chinina, qui leur sert de manteau. Dans un pays si chaud, elles n’ont besoin ni de bas ni de souliers. Les Espagnols de la ville sont habillés à la manière d’Espagne ; mais ils ont pris