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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/96

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eux. C’était don Fernando de Sylva, qui avait été général de la flotte du nord à Goa, et deux de ses beaux-frères. Il accepta leurs offres, et le vaisseau était près de partir ; mais le capitaine refusa de recevoir Pyrard, sous prétexte qu’ayant une fois porté un Français qui lui avait causé plus d’embarras que tout le reste de l’équipage, il avait fait serment de n’en jamais porter d’autre. Ce refus devint une faveur du ciel pour l’auteur. Il apprit, en arrivant à Lisbonne, que le navire de ce farouche capitaine portugais avait été pris par les corsaires. Ses regrets ne tombèrent que sur les trois gentilshommes auxquels il devait de la reconnaissance, et qui furent menés en Barbarie.

Deux Flamands, naturalisés Portugais, et liés par une société de commerce, dont l’un devait retourner à Lisbonne dans une hourque de deux cent cinquante tonneaux qui leur appartenait, s’estimèrent fort heureux de trouver Pyrard et ses deux camarades pour les servir dans ce voyage. On convint de part et d’autre que les trois Français ne paieraient rien pour leur passage, mais qu’ils travailleraient dans le vaisseau sans être payés. Ils regardèrent aussi comme un bonheur de pouvoir gagner leur passage et leur dépense par leur travail ; car il en coûtait ordinairement plus de 120 liv. La hourque était chargée de sucre, bien fournie d’artillerie et d’autres armes, et le nombre des passagers d’environ soixante. Pyrard, ne pouvant éviter de descen-