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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/10

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ne pus résister aux instances de l’un des deux capitaines avec lequel je m’étais lié d’amitié, et qui me proposa de l’accompagner dans ce voyage.

» Nous partîmes par un temps fort orageux, qui ne nous empêcha point d’arriver heureusement à la hauteur de Maçoua. Là, vers la fin du jour, nous découvrîmes en pleine mer un navire auquel nous donnâmes si vivement la chasse, que nous l’abordâmes d’assez près. Nous l’avions pris pour un navire indien ; et, ne pensant qu’à remplir notre commission, nous nous étions avancés jusqu’à la portée de la voix pour demander civilement au capitaine si l’armée turque était partie de Suez ; mais, pour unique réponse, on nous tira douze volées de petits canons et de pierriers, qui n’incommodèrent que nos voiles, et nous entendîmes retentir l’air de cris confus, que cette hostilité nous fit regarder comme des bravades. Bientôt elles furent accompagnées d’un grand cliquetis d’armes et de menaces distinctes, avec lesquelles on nous pressait d’approcher et de nous rendre. Cet accueil nous causa moins d’effroi que d’étonnement. Il était trop tard pour s’abandonner à la vengeance. On tint conseil, et on s’attacha au parti le plus sûr, qui était de les battre à grands coups d’artillerie jusqu’au lendemain matin, où à l’arrivée du jour on pourrait les investir et les combattre plus facilement. Ainsi toute la nuit fut employée à leur donner la chasse, en les