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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/102

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repos et l’abondance rétablirent parfaitement notre santé. Nous partîmes dans l’intention réelle de nous rendre à Nankin, dont nous étions éloignés de cent quarante lieues, et de nous y embarquer pour Liampo ou pour Canton. Le soir du même jour nous arrivâmes à la vue d’un bourg nommé Suzoanganée, où la fatigue nous força de nous asseoir sur le bord d’une fontaine. Quelques habitans qui venaient y puiser de l’eau, surpris de remarquer que nos figures ne ressemblaient pas à celles du pays, s’en retournaient avec des marques de frayeur ou d’admiration, qui attirèrent bientôt autour de nous une partie des habitans. Après nous avoir regardés long-temps sans oser s’approcher, ils nous firent demander ce qui nous amenait dans leur pays. Nous nous donnâmes, comme nous l’avions déjà fait, pour des marchands siamois qui se rendaient à Nankin. Cette réponse leur parut si peu suspecte, qu’ils nous laissèrent la liberté de nous reposer ; mais ils avaient eu le temps de faire avertir un de leurs prêtres qui, sortant du bourg, vêtu d’une longue robe de damas rouge, vint à nous jusqu’à la fontaine avec une poignée d’épis de blé dans la main. Il nous ordonna de mettre les mains sur les épis ; nous le satisfîmes volontiers, dans le dessein de nous concilier son affection et celle des habitans. « Par ce serment, nous dit-il, que vous faites en ma présence sur ces deux substances d’eau et de pain, que le ciel a