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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/115

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porter quelques alimens, sur lesquels nous nous jetâmes avec une avidité qui parut le réjouir beaucoup. Un de ses officiers, jaloux peut-être de lui voir tant de confiance dans notre secours, lui dit, en raillant notre misère, « que quand sa bonté ne servirait qu’à nous délivrer de la faim, ce n’était pas l’employer inutilement ; qu’elle nous empêcherait de mourir de langueur, et qu’elle lui vaudrait au moins mille taëls, qu’il tirerait de notre vente à Lancam. » Cette plaisanterie, qui fit rire assez long-temps les autres, parut peu lui plaire. Il continua de s’entretenir avec Mendez, et ne dissimula point qu’il était satisfait de ses réponses ; il lui promit, non-seulement la liberté, mais toutes sortes d’honneurs et de bienfaits, s’il lui faisait emporter le château avec peu de perte. Mendez eut la prudence de lui dire qu’il ne pouvait s’expliquer sans avoir observé la place. Tout le monde loua ce langage ; et ceux, qui s’étaient défiés de nos offres en prirent une meilleure opinion.

» On nous fit passer le reste de la nuit dans une tente voisine, où nos craintes furent aussi vives que nos espérances. Mendez, apprenant que le général avait commandé trente hommes pour l’accompagner dans ses observations, demanda que ses compagnons fussent du nombre. Cette faveur nous fut accordée, mais sans armes, et toujours chargés d’une partie de nos chaînes. Après avoir observé la situation du château, sur laquelle nous tenions conseil en