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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/124

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mille hommes, avec lesquels il s’embarqua si mécontent, qu’en arrivant six jours après à Lançam, il y descendit pendant la nuit, après avoir défendu toutes les marques de joie par lesquelles on voulait célébrer son retour ; il n’était occupé que du siége de Pékin, qu’il voulait recommencer à l’entrée de la belle saison ; il assembla les états de son empire ; il forma de nouvelles ligues avec ses voisins. L’honneur qu’il nous faisait quelquefois de nous consulter semblait éloigner de jour en jour nos espérances de liberté. Nous prîmes le parti de presser le nauticor qui s’était rendu comme le garant de ses promesses. Il nous fit craindre d’autant plus de difficulté, que le khan lui avait proposé, depuis son retour, de nous attacher à son service par toute sorte de bienfaits. George Mendez ne s’était pas fait presser pour accepter un établissement. On commençait à se persuader que ses compagnons oublieraient aussi facilement leur patrie ; et j’avais déjà remarqué que, dans cette idée, les Tartares nous traitaient avec plus de confiance et d’affection.

» Cependant le nauticor ne se crut pas moins engagé par sa parole à nous servir de tout son crédit. En nous promettant de parler de nous au khan, il nous dit que, pour le disposer mieux en notre faveur, il lui représenterait que nous avions en Europe des enfans orphelins qui ne pouvaient subsister sans notre secours, et qu’il ne doutait pas que ce