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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/139

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entendu que c’était un art de l’Europe, qui dépendait du secret de la poudre, il tomba dans un excès de joie et d’admiration qui ne peut être représenté que par ses effets. Il embrassa Zeimoto avec transport ; il le fit monter en croupe derrière lui ; et, retournant à la ville dans cet état, il se fit précéder de quatre huissiers qui portaient des bâtons ferrés par le bout, et qui criaient par son ordre au peuple, dont la foule était infinie : « On fait savoir que le nautaquin, prince de cette île et seigneur de nos têtes, vous commande à tous d’honorer ce Chinchi-Cogis du bout du monde, parce que, dès aujourd’hui et pour l’avenir, il le fait son parent comme les jacarous qui sont assis près de sa personne, et quiconque refusera d’obéir à cet ordre sera condamné à perdre la tête. »

» Je demeurai assez loin derrière avec Christophe Borralho, qui était le troisième Portugais, tous deux dans la surprise d’un événement si singulier. Le nautaquin, étant arrivé au palais, prit Zeimoto par la main, le conduisit dans sa chambre, le fit asseoir à sa table ; et pour le combler d’honneur, il ordonna que la nuit suivante on le fit coucher dans un appartement voisin du sien. Nous participâmes à cette faveur par les caresses et les bienfaits que nous reçûmes aussi du prince et des habitans.

» Zeimoto crut ne pouvoir mieux s’acquitter d’une partie de ces distinctions qu’en faisant