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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/147

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» Ces horribles préparatifs s’étaient fait apparemment pour l’interrogation, pendant que mon interprète avait été conduit devant le roi : il fut amené au tribunal. Mon épouvante redoubla lorsque je le vis paraître au milieu d’une troupe de gardes, les mains liées, aussi pâle, aussi tremblant que moi. On me fit diverses questions auxquelles je ne laissai pas de répondre avec toute la force de l’innocence. J’ignore quelle impression mes réponses firent sur mes juges ; mais le ciel permit que le jeune prince, étant revenu d’un long évanouissement, souhaita de me voir ; et qu’apprenant la rigueur avec laquelle j’étais traité, l’inquiétude de mon sort alla jusqu’à lui faire protester qu’il ne recevrait aucun secours, si je n’étais délivré sur-le-champ des mains de la justice. Un ordre du roi vint adoucir aussitôt la sévérité d’un inflexible tribunal. On m’ôta mes chaînes, et je fus conduit au palais, où le prince me fit des satisfactions et des excuses qui ne laissèrent rien à désirer pour ma justification. Il avait été pansé par quelques bonzes qui font l’office de médecins et de chirurgiens au Japon ; mais la blessure était si dangereuse, qu’ils paraissaient douter eux-mêmes de leur méthode. Une longue expérience que je n’avais pu manquer d’acquérir dans un si grand nombre d’aventures militaires me fit rappeler la connaissance de quelques remèdes que j’avais vu employer avec succès. Je les proposai avec d’autant plus de confiance, que le jeune prince