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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/158

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valeur de cent ducats. La Portugaise, qui méritait le premier rang dans notre reconnaissance, en eut plus de mille, accompagnés d’une infinité de présens qui dédommagèrent son mari de toutes ses pertes. Enfin le broquen nous fit obtenir place dans une jonque chinoise qui partait pour Liampo, après avoir fait donner au capitaine des cautions pour notre sûreté.

» En arrivant à Liampo, nous trouvâmes les Portugais de cette ville dans l’affliction de leur perte. Nous étions le malheureux reste de leur flotte. Cette considération nous attira beaucoup de caresses. Divers négocians m’offrirent de l’emploi dans leurs comptoirs ou dans leurs jonques ; mais j’étais rappelé par mes désirs à Malacca, où j’espérais que mon expérience me tiendrait lieu de mérite, et ferait employer mes services avec plus de distinction. Je m’embarquai dans le navire d’un Portugais nommé Tristan de Goa. Notre navigation fut heureuse. Je m’applaudis extrêmement de mon retour en apprenant que don Pedro Faria commandait encore à Malacca. Le désir qu’il avait toujours eu de contribuer à ma fortune, échauffé par la mémoire du brave Antonio Faria son parent, et par le récit de nos aventures, lui fit chercher l’occasion de m’occuper utilement avant que le terme de son gouvernement fût expiré.

» Il me proposa d’entreprendre le voyage de Martaban, d’où l’on tirait alors de grands