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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/176

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Elle avait près d’elle quatre petits enfans, deux garçons et deux filles, dont le plus âgé n’avait pas plus de sept ans. Sa litière était environnée de trente ou quarante femmes, le visage penché vers la terre, et les larmes aux yeux. On voyait ensuite certains moines du pays qui vont pieds nus et la tête découverte. Ils tenaient en main une sorte de chapelet, et, marchant en fort bon ordre, ils récitaient dévotement leurs prières. Quelques-uns aussi s’employaient à consoler les femmes, et leur jetaient de l’eau sur le visage lorsqu’elles manquaient de force. Ce spectacle, qui se renouvelait souvent, aurait attendri des cœurs plus durs que le mien. Une garde de gens de pied venait après les femmes et les moines. Cinq cents Bramas suivaient à cheval pour servir de gardes à Chambaïna, qui marchait au milieu d’eux sur un petit éléphant.

» Il avait demandé le plus petit, comme un symbole de son mépris pour le monde, et de la pauvreté dans laquelle il se proposait de passer le reste de sa vie. Il était vêtu d’une assez longue robe de velours noir, pour marquer son deuil ; sa barbe, ses cheveux et ses sourcils étaient rasés, et, dans le vif sentiment de son infortune, il s’était fait mettre une corde au cou, pour se présenter au vainqueur avec cette marque d’humiliation ; il portait sur son visage l’impression d’une si profonde tristesse, qu’il était impossible de le voir sans verser des larmes. Son âge était d’en-