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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/180

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beaucoup valoir l’espérance du pillage, que le roi leur avait promis sans exception. Cependant, sous prétexte de se faire amener tranquillement Chambaïna, mais en effet pour se donner le temps d’enlever ses trésors, il avait mis de fortes gardes à toutes les portes de la ville, avec défense, sous peine de la vie, d’en accorder l’entrée sans sa participation. Après le jour du triomphe, il trouva des prétextes pour en laisser passer deux autres, pendant lesquels il mit à couvert les principales richesses de Marlaban, et quatre mille hommes y furent employés. Ensuite s’étant rendu de grand matin sur une colline qui se nomme Beidao, à deux portées de fauconneau de la ville, il fit lever la défense aux portes. Alors un coup de canon, qui fut le dernier signal, livra la malheureuse ville de Martaban à l’emportement d’un nombre infini de soldats, qui n’épargnèrent pas plus la vie que les richesses des habitans. Le pillage dura trois jours et demi, après lesquels on y mit le feu, qui la consuma jusqu’aux fondemens. On m’assura que le nombre des morts montait à soixante mille hommes, et celui des prisonniers à quatre-vingt mille.

» Quelques jours après on vit paraître sur la même colline une multitude de gibets, dont vingt étaient de la même hauteur, et les autres un peu moins élevés. Ils étaient dressés sur des piles de pierre entourées de grilles, au-dessus desquelles on avait placé des girouettes dorées. Cent Bramas y faisaient la garde à