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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/182

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cession de trois au quatre cents enfans, nus jusqu’à la ceinture, portant des cierges à la main et des cordes au cou, qui faisaient retentir l’air de leurs cris et de leurs gémissemens. On nous dit qu’ils n’étaient pas destinés au supplice, et qu’ils n’accompagnaient la reine et ses dames que pour invoquer le ciel en leur faveur. Cette marche était fermée par une autre garde d’infanterie, et par cent éléphans armés comme les premiers.

» Lorsque ces misérables victimes furent entrées dans l’enceinte des échafauds, six huissiers à cheval publièrent leur sentence. Elle portait, « qu’étant filles ou femmes de pères et de maris qui avaient tué un grand nombre de Bramas, et qui avaient donné naissance à cette guerre, le roi les avait jugées dignes de mort. » Alors tous les exécuteurs de la justice s’étant mêlés avec les gardes, on n’entendit plus qu’un effroyable bruit. Entre les cent quarante femmes, celles qui avaient la force de se soutenir embrassaient leurs compagnes et jetaient la vue sur Nhaï-Canatou, qui était assise à terre, appuyée sur les genoux d’une vieille femme, et déjà presque morte ; plusieurs lui firent leurs derniers complimens : mais elles furent bientôt saisies par les bourreaux, et pendues sept à sept par les pieds, c’est-à-dire la tête en bas. Cet étrange supplice nous fit entendre pendant quelque temps leurs cris et leurs sanglots, qui furent étouffés à la fin par la chute du sang.