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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/188

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» Notre voyage et nos observations jusqu’à Timplam, capitale de l’empire de Calaminham, furent une diversion assez agréable à mes peines. À la pagode de Tinagogo, nous fûmes témoins de plusieurs fêtes qui nous firent admirer tout à la fois l’aveuglement et la piété de ces peuples. Nous vîmes une infinité de balances suspendues à des verges de bronze, où se faisaient peser les dévots pour la rémission de leurs péchés, et le contre-poids que chacun mettait dans la balance était conforme à la qualité de ses fautes. Ainsi ceux qui se reprochaient de la gourmandise, ou d’avoir passé l’année sans aucune abstinence, se pesaient avec du miel, du sucre, des œufs et du beurre. Ceux qui s’étaient livrés aux plaisirs sensuels se pesaient avec du coton, de la plume, du drap, des parfums et du vin. Ceux qui avaient eu peu de charité pour les pauvres se pesaient avec des pièces de monnaie ; les paresseux avec du bois, du riz, du charbon, des bestiaux et des fruits ; les orgueilleux, avec du poisson sec, des balais et de la fiente de vache, etc. Ces aumônes, qui tournaient au profit des prêtres, étaient en si grand nombre, qu’on les voyait rassemblées en pile. Les pauvres, qui n’avaient rien à donner, offraient leurs propres cheveux ; et plus de cent prêtres étaient assis avec des ciseaux à la main pour les couper. De ces cheveux, dont on voyait aussi de grands monceaux, plus de mille, prêtres rangés en ordre