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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/191

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plies de pèlerins étrangers, qui ne cessaient pas de se succéder pendant le cours de l’année. Ils y étaient non-seulement bien logés, mais nourris fort abondamment pendant le jour, et servis par quatre mille prêtres qui vivaient dans cent vingt monastères. Manicaforam signifie prison des dieux. Le temple de cet hôpital était fort grand ; il était composé de trois nefs, dont le centre était une chapelle de forme ronde, environnée de trois balustres de laiton, avec deux portes, sur chacune desquelles on remarquait un gros marteau de même métal. Cette chapelle renfermait quatre-vingts idoles des deux sexes, sans y comprendre quantité d’autres petites divinités qui étaient prosternées devant les grandes. Celles-ci étaient debout, mais toutes attachées par des chaînes de fer, avec de gros colliers, et quelques-unes avec des menottes. Les petites, qui étaient presque étendues par terre, étaient attachées six à six par la ceinture avec d’autres chaînes plus déliées. Autour des balustrades, deux cent quarante figures de bronze rangées en trois files, avec des hallebardes et des massues sur l’épaule, semblaient servir de gardes à tous ces dieux captifs. Les nefs étaient traversées, aux environs de la chapelle, de plusieurs verges de fer sur lesquelles étaient quantité de flambeaux, chacun de dix lumignons, vernissés à la manière des Indes, comme les murs et tous les autres ornemens du temple, en témoignage de deuil pour la captivité des dieux.