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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/201

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retourner au bord de l’eau. Ce triste et pénible voyage dura dix-sept jours, pendant lesquels nous fûmes réduits pour nourriture à quelques provisions que nous avions obtenues des ermites. Enfin, dans l’obscurité d’une nuit fort pluvieuse, nous découvrîmes devant nous un feu qui ne paraissait éloigné que de la portée d’un fauconneau. Nous nous crûmes près de quelque ville ; et cette idée nous jeta dans de nouvelles alarmes. Mais, avec plus d’attention, le mouvement de ce feu nous fit juger qu’il devait être sur quelque vaisseau qui cédait à l’agitation des flots. En effet, nous étant avancés avec beaucoup de précaution, nous aperçûmes une grande barque et neuf hommes qui en étaient sortis pour se retirer sous quelques arbres, où ils préparaient tranquillement leur souper. Quoiqu’ils ne fussent pas fort éloignés de la rive où la barque était amarrée, nous comprîmes que la lumière qu’ils avaient près d’eux, et qui nous les faisait découvrir, ne se répandant pas sur nous dans les ténèbres, il ne nous était pas impossible d’entrer dans la barque, et de nous en saisir avant qu’ils pussent entreprendre de s’y opposer. Ce dessein ne fut pas exécuté moins promptement qu’il avait été conçu. Nous nous approchâmes doucement de la barque, qui était attachée au tronc d’un arbre, et fort avancée dans la vase. Nous la mimes à flot avec nos épaules, et nous y étant embarqués sans perdre un moment, nous commençâmes à ramer de toutes nos forces.