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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/235

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pelai un des quartier-maîtres pour lui faire prendre ma place. Il vînt, et j’allai me mêler entre les autres, où je repris un peu de chaleur. À peine le quartier-maître eut-il passé une heure à la barre du gouvernail, que, le temps ayant changé, il découvrit une côte. Le premier mouvement de sa joie lui fit crier terre ! terre ! Tout le monde retrouva des forces pour se lever, et chacun voulut être assuré par ses yeux d’un si favorable événement. C’était effectivement la terre. On fit servir aussitôt toutes les voiles, et l’on courut droit sur la côte ; mais, en approchant du rivage, on trouva les brisans si forts, qu’on n’osa se hasarder à traverser les lames. L’île, car c’en était une, s’enfonçait par un petit golfe où nous eûmes le bonheur d’entrer. Là nous jetâmes le grapin à la mer. Il nous en restait un petit qui servit à nous amarrer à terre, et chacun se hâta de sauter sur le rivage.

» L’ardeur fut extrême pour se répandre dans les bois et dans les lieux où l’on espérait trouver quelque chose qui pût servir d’aliment. Pour moi, je n’eus pas plus tôt touché la terre, que, m’étant jeté à genoux, je la baisai de joie, et je rendis grâce au ciel de la faveur qu’il nous accordait. Ce jour était le dernier des trois à la fin desquels on devait manger les mousses du vaisseau.

» L’île offrait des cocos ; mais on n’y put découvrir d’eau douce. Nous nous crûmes trop heureux de pouvoir avaler la liqueur que ces