Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mens que je ne puis exprimer. Aussitôt je découvris deux hautes montagnes dont la couleur me parut bleue. Il me vint dans l’esprit qu’étant à Hoorn, j’avais entendu dire à Guillaume Schouten, qui avait fait deux fois le voyage des Indes orientales, qu’au cap de Java il y avait deux hautes montagnes qui paraissaient bleues. Nous étions venus dans l’île en rangeant à main gauche la côte de Sumatra, et ces montagnes étaient à la droite. Je voyais entre elles une ouverture ou un vide au travers duquel je ne découvrais pas de terres et je n’ignorais pas que le détroit de la Sonde était entre Sumatra et Java. Ces réflexions me firent conclure qu’il n’y avait point d’erreur dans notre route. Je descendis plein de joie et je me hâtai d’annoncer à Rol que j’avais vu les deux montagnes. Elles ne paraissaient plus lorsque je lui fis ce récit, parce que les nuées les couvraient. Mais j’ajoutai ce que j’avais appris à Hoorn de la bouche de Schouten, et j’établis mes conjectures par d’autres raisonnemens. Rol y trouva de la vraisemblance. « Assemblons nos gens, me dit-il, et gouvernons de ce côté-là. » Cette déclaration que je fis a l’équipage excita beaucoup d’empressement pour apporter à bord de l’eau, des roseaux et des cimes de palmier. On mit à la voile avec la même ardeur, le vent était favorable à nos nouvelles vues ; nous portâmes le cap droit à l’ouverture des deux montagnes, et pendant la nuit nous gouvernâmes par le