Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/256

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rabie, d’où leurs ancêtres sont venus s’établir sur cette côte. Tout le commerce du pays est entre leurs mains, parce que les Gentous, et surtout les naïres, qui composent leur noblesse, se croiraient avilis par cette profession, et que d’ailleurs ils ne montent jamais en mer pour des voyages de long cours. Aussi les Malabares mahométans sont-ils presque tous riches ; ils passent pour les plus méchans et les plus perfides de tous les hommes. Ils font leur demeure dans les grosses bourgades, où ils ne souffrent pas d’habitans qui ne soient de leur secte. On donne à ces bourgs le nom de bazar, qui signifie marché, parce qu’ils ne sont peuplés que de marchands. Les plus considérables sont situés près de la mer, ou sur les bords des rivières, pour la facilité du commerce et la commodité des négocians étrangers. Ces riches mahométans ne se bornent point aux méthodes ordinaires qui conduisent à la fortune ; la plupart sont corsaires ; ils courent la mer avec des galiotes et des galères qu’ils nomment pares. Leurs brigandages s’étendent sur toutes les côtes de l’Inde, et, du côté opposé, jusque dans le golfe Persique et dans la mer Rouge, où ils pillent indifféremment tout ce qui tombe entre leurs mains : leurs prisonniers sont traités avec la dernière barbarie. Quoique leurs bâtimens soient presque toujours montés de cinq à six cents hommes, ils attaquent rarement ceux des Européens, s’ils ne les croient faibles, ou s’ils ne les voient