Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouve un Banian charitable qui ne manque pas, lorsqu’il est informé du danger de cet animal, de le demander au maître, et qui, l’achetant quelquefois assez cher, le place dans cet hôpital, où il est bien traité jusqu’au terme naturel de sa vie.

Près du même édifice on en voit un autre qui est fondé pour les punaises, les puces, et toutes les espèces de vermine qui sucent le sang des hommes. De temps en temps, pour donner à ces animaux la nourriture qui leur convient, on loue un pauvre homme pour passer une nuit sur un lit dans cet hôpital ; mais on a la précaution de l’y attacher, de peur que, la douleur des piqûres l’obligeant de se retirer avant le jour, il ne puisse les nourrir à l’aise de son sang. C’est pousser un peu loin l’amour pour les animaux. Les sages de l’Inde n’ont-ils pas compris que tout ce qui ne vit que du mal d’autrui ne mérite pas de vivre ? Ce n’est pas pour les insectes nourris à Surate que nous faisons cette réflexion.

Thévenot, voyageur français, regarde Surate et son canton comme la plus belle partie de la province du Guzarate, indépendamment des avantages extraordinaires que cette ville tire de son commerce ; et la province même, comme la plus agréable de l’Indostan : c’était autrefois un royaume, qui tomba sous la domination du grand-mogol Akbar, vers l’année 1595.