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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/313

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ticulière. Les autres habitans sont ou des étrangers indiens qui achètent la liberté de demeurer dans l’île en payant un tribut personnel, ou des Européens, tels qu’un petit nombre d’Espagnols, quantité d’Italiens, quelques Allemands et Flamands, un fort grand nombre d’Arméniens et quelques Anglais. On n’y voit pas un seul Français, à l’exception de quelques jésuites employés dans les missions. Le nombre des esclaves y est infini. Les Portugais en achètent de toutes les nations indiennes, et le commerce qu’ils en font est très-étendu. Ils s’arrêtent peu aux défenses qui doivent leur faire excepter plusieurs peuples avec lesquels ils vivent en paix. Amis, ennemis, ils enlèvent ou achètent tous ceux qui tombent entre leurs mains, et les vendent pour le Portugal ou pour les autres colonies.

La ville de Goa, située à 15 degrés et demi de latitude septentrionale, règne l’espace d’une demi-lieue sur le bord de la rivière du côté du nord. Depuis environ cent dix ans que les Portugais s’étaient rendus maîtres de l’île, Pyrard ne se lassait point d’admirer qu’ils y eussent élevé tant de superbes bâtimens, qui comprennent des églises, des monastères, des palais, des places publiques, des forteresses et d’autres édifices à la manière de l’Europe. Il lui donne une lieue et demie de tour, sans y comprendre les faubourgs. Elle n’est forte que du côté de la rivière. Une simple muraille qui l’environne de l’autre côté ne la défendrait pas long-temps