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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/34

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croire que nous étions endormis. Les trois barques s’approchèrent à la portée de l’arquebuse, et s’étant séparées pour nous environner, deux s’attachèrent à notre poupe, et l’autre à la proue. Les Indiens montèrent si légèrement à bord, que dans l’espace de quelques minutes ils y étaient au nombre de quarante. Alors Faria, sortant de dessous le demi-pont avec une troupe d’élite, fondit si furieusement sur eux en invoquant Jésus-Christ et saint Jacques, qu’il en tua d’abord un grand nombre. Ensuite les pots à feu, qui furent jetés fort adroitement, achevèrent de les défaire et de forcer le reste de se précipiter dans les flots. Nous sautâmes dans les trois barques, où il restait peu de monde. Elles furent prises sans résistance. Entre les prisonniers qui tombèrent vivans entre nos mains étaient quelques Nègres, un Turc, deux Achémois, et le capitaine de la jonque, nommé Similau, grand corsaire et mortel ennemi des Portugais. Faria donna ordre que la plupart fussent mis à la torture pour en tirer des connaissances qu’il croyait importantes à nos entreprises. Un Nègre qu’on se disposait à tourmenter demanda grâce, et déclara qu’il était chrétien. Il nous apprit volontairement qu’il se nommait Sébastien, qu’il avait été captif de don Gaspar de Mello, capitaine portugais, que Similau avait massacré deux ans auparavant à Liampo, sans avoir épargné un seul Portugais de l’équipage ; que ce corsaire s’était flatté de nous faire subir le