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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/360

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tenait un diamant de quarante-huit carats et demi, et de la plus belle eau du monde, et les trois quarts fort net. « Gardez-le jusqu’à demain, dit-il à Tavernier, pour l’examiner à loisir. S’il est de votre goût, vous me trouverez hors du bourg à telle heure, et vous m’apporterez telle somme. » Tavernier ne manqua pas de lui porter la somme qu’il avait demandée ; à son retour à Surate, il trouva un profit considérable sur cette pierre.

Quelques jours après, ayant reçu avis qu’un Français nommé Boète, qu’il avait laissé à Golconde pour recevoir et garder son argent, était attaqué d’une maladie dangereuse, il ne pensa qu’à retourner dans le pays. Le gouverneur de la mine, surpris de le voir partir sitôt, lui demanda s’il avait employé tout son argent. Il lui restait vingt mille pagodes, dont il regrettait effectivement de n’avoir pas fait l’emploi ; mais, se croyant pressé par l’avis qu’il avait reçu, il fit voir au gouverneur tout ce qu’il avait acheté, qui se trouva conforme au rôle du receveur des droits ; il paya les deux pour cent ; et, ne déguisant pas même qu’il avait acheté en secret un diamant de quarante-huit carats et demi, il satisfit avec la même fidélité pour cette pierre, quoique personne ne fût informé de son marché dans le bourg. Le gouverneur, admirant sa bonne foi, lui confessa naturellement qu’aucun marchand du pays n’aurait eu cette délicatesse ; et, dans le mouvement de son estime, il fit