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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/37

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dats, fit un furieux carnage de ceux qui avaient entrepris de résister. Il en tua plus de trente ; et d’un équipage assez nombreux le feu n’épargna que ceux qui s’étaient jetés dans la mer, et qu’on en fit retirer, autant pour servir à la navigation de nos propres vaisseaux que pour déclarer quel était leur chef. On en mit quatre à la torture ; mais ils souffrirent la mort avec une constance brutale. On allait exposer aux mêmes tourmens un petit garçon qu’on espérait faire parler plus facilement, lorsqu’un vieillard qui était couché sur le tillac s’écria la larme à l’œil que c’était son fils, et qu’il demandait d’être entendu avant que ce malheureux enfant fût livré aux supplices. Faria fit arrêter l’exécuteur. Mais, après avoir promis au père la vie et la liberté, s’il s’expliquait de bonne foi, avec la restitution de toutes les marchandises qui étaient à lui, il jura que, pour le punir de la moindre imposture, il le ferait jeter dans la mer avec son fils. Ce vieillard, que nous prenions encore pour un mahométan, répondit qu’il acceptait cette condition ; que s’il remerciait Faria de la vie qu’il accordait à son fils, il lui offrait la sienne, dont il faisait peu de cas à son âge ; mais qu’il ne s’en fierait pas moins à sa parole, quoique la profession qu’il lui voyait exercer fût peu conforme à la loi chrétienne, dans laquelle ils étaient nés tous deux.

» Une réponse si peu attendue parut causer un peu de confusion à Faria. Il fit approcher