Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/404

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

lui fit voir l’état, de la ville et de l’artillerie, la force de la citadelle qu’on pouvait faire sauter d’un moment à l’autre par les mines qu’on y avait disposées, et la quantité des vivres dont la place était munie. Il l’assura qu’il était dans la résolution de se défendre jusqu’à la dernière extrémité, et qu’il ne consentirait jamais à des demandes qu’il n’avait pas le pouvoir d’accorder. Il ajouta qu’il avait fait embarquer sur les vaisseaux qu’il avait dans la rade les marchandises et les meilleurs effets de sa nation ; et que si, par une suite d’événemens fâcheux, il voyait ses ressources épuisées, il lui serait facile de monter lui-même à bord avec tout ce qui lui resterait de Français, et de retourner dans sa patrie : d’où les Marattes devaient conclure qu’il y avait peu à gagner pour eux, et beaucoup à perdre. L’officier, qui n’avait jamais vu de ville si bien munie, ne put déguiser son admiration, et se retira fort satisfait des politesses qu’il avait reçues.

Mais une circonstance légère contribua plus que toutes les fortifications de Pondichéry à terminer cette guerre. Comme c’est l’usage aux Indes de faire quelque présent aux étrangers de considération, le gouverneur offrit à l’envoyé des Marattes dix bouteilles de différentes liqueurs de Nancy. Cet officier en fit goûter au général, qui les trouva excellentes. Le général en fit boire à sa maîtresse, qui, les trouvant encore meilleures, le pressa de lui en procurer à toutes sortes de prix. Ragodgi-Bon-