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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/414

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recevoir. En passant dans les comptoirs français et hollandais, il eut soin de ne rien refuser de ce qui lui était offert, dans la crainte de les offenser, disait-il, s’il en usait moins civilement avec eux qu’avec les Anglais. Les riches marchands et les personnes de qualité, mahométans ou gentous, suivirent l’exemple des Européens. Chacun cherchait à mériter les bontés d’un nouveau vice-roi qui devait jouir sitôt du pouvoir de nuire ou d’obliger. Il tirait d’ailleurs un extrême avantage de l’estime et de l’affection qu’on avait eues pour le seigneur dont il s’attribuait le nom et la qualité. De tous les vice-rois des Indes, c’était celui qui s’était fait le plus aimer. Il parcourut ainsi toute la côte de Coromandel et celle du Malabar, sans cesser de recevoir de grosses sommes et des présens. Il avait l’adresse d’acheter aussi les pierreries et les raretés qu’il trouvait en chemin, remettant à les payer lorsqu’il serait à Goa.

Enfin il approcha de cette capitale de l’empire portugais, où le bruit de son arrivée aux Indes s’était répandu depuis long-temps. Il y était attendu avec impatience ; mais il se contenta d’y envoyer un de ses principaux domestiques pour faire quelques civilités de sa part à celui qu’il honorait du nom de son frère, et qui était le fils naturel du vieux comte de Sarjedo. Ce seigneur se trouva incommodé lorsqu’il reçut la lettre du faux comte ; et ne pouvant se rendre auprès de lui, il y envoya