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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/45

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pour l’embellissement de son église. À la pointe du jour, Faria rendit la liberté aux Indiens, et leur fit quelques présens. Ensuite ayant fait orner les hunes de nos vaisseaux, déployer nos bannières et nos flammes, avec papillon de marchandise, suivant l’usage du pays, il alla jeter l’ancre dans le port, sous le quai de la ville.

» Nous fûmes reçus comme des marchands de Siam, dont nous avions pris le nom ; et sans autre difficulté que celle des droits qui furent réglés à cent pour mille, nous nous défîmes en peu de jours de tout le butin que nous avions acquis au prix de notre sang. On en fit la somme de cent trente mille taëls en lingots d’argent. Malgré toute la diligence qu’on y avait apportée, les habitans furent informés, avant le départ de Faria, du traitement qu’il avait fait au corsaire dans la rivière de Tanauquir. Ils commencèrent alors à nous regarder d’un œil si différent, que, n’osant plus nous fier à leurs intentions, nous nous hâtâmes de remettre à la voile.

» Faria s’était mis dans la plus grande de nos jonques, avec le titre et le pavillon de général ; mais on s’aperçut qu’elle puisait beaucoup d’eau. Diverses informations nous faisaient regarder la rivière de Madel, dans l’île d’Aynan, comme un lieu convenable à nos besoins, par la facilité que nous y devions trouver pour échanger cette jonque et pour la radouber. Nous n’étions arrêtés que par l’éclat de nos expédi-