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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/50

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leur accorda des passe-ports réguliers qu’il signa de son nom. Outre la somme qui lui avait été proposée, et qui fut payée fidèlement, un de ses gens, nommé Costa, qu’il revêtit de la qualité de son secrétaire, acquit plus de quatre mille taëls pour la simple expédition des patentes. Après avoir passé quatorze jours dans le port de Madel, nous achevâmes de parcourir toute cette contrée, dans la seule vue de découvrir Coja-Acem. Nuit et jour Faria n’était rempli que de cette idée ; il employa six mois entiers à prendre des informations, dont il ne tira pas d’autre fruit que d’avoir visité un grand nombre de havres et de ports.

» Nous tenions la mer depuis si long-temps, que les soldats, ennuyés du travail, prièrent Faria de faire un partage exact du butin, comme il s’y était engagé à Patane, chacun dans le dessein de quitter le métier des armes, et d’aller jouir tranquillement de sa fortune. Cette proposition fit naître de fâcheux différends. Cependant on convint de choisir Siam pour y passer l’hiver, et pour y vendre les marchandises qui restaient à partager. Après avoir juré cet accord, on alla mouiller dans une île assez éloignée de l’anse qu’on abandonnait, et pendant douze jours on y attendit le vent qui devait nous conduire au repos. Il se leva aussi favorable que nous l’avions désiré ; mais la nouvelle lune d’octobre le fit changer, pour notre malheur, en une si furieuse tempête, que nous fûmes repoussés avec une violence incroya-