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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/53

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rôtir aussitôt, il nous pénétra de tendresse et d’admiration, lorsqu’au lieu de le manger lui-même, il le distribua de ses propres mains entre les plus faibles ou les plus malades.

» Ensuite, jetant les yeux vers la pointe d’où l’oiseau était parti, il en découvrit plusieurs autres qui s’élevaient et se baissaient dans leur vol ; ce qui lui fit juger qu’il y avait peut-être dans ce lieu quelque proie dont ces animaux se repaissaient. Nous y marchâmes en procession pour attendrir le ciel par nos prières et par nos larmes. En arrivant au sommet de la colline, nous découvrîmes sous nos pieds une vallée fort basse, qui nous parut remplie d’arbres chargés de fruits, et traversée par une rivière d’eau douce. La joie nous avait déjà fait rompre notre procession pour y descendre, lorsque nous aperçûmes un cerf fraîchement égorgé qu’un tigre commençait à dévorer. Nos cris firent aussitôt fuir le tigre, qui nous abandonna sa proie. Étant descendus dans la vallée, nous y fîmes un grand festin de la chair du cerf et des fruits qui s’y offraient en abondance. Nous y prîmes aussi quantité de poissons, soit par notre industrie, soit avec le secours des oiseaux de proie, qui, s’abaissant sur l’eau et se relevant avec un poisson dans leur bec ou dans leurs serres, le laissaient souvent tomber lorsqu’ils étaient épouvantés par nos cris.

» Ces rafraîchissemens rétablirent un peu nos forces ; et pendant plusieurs jours l’expé-