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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/60

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et les yeux levés vers le ciel, qu’il regardait fixement ; il le remercia les larmes aux yeux[1] d’avoir amené son ennemi entre ses mains ; et sa prière fut si vive et si touchante, que, le même transport se communiquant à ceux qui l’entendirent, ils se mirent à crier : Aux armes ! aux armes ! comme si le corsaire eût été présent. Dans cette noble ardeur, ils mirent aussitôt la voile au vent de poupe pour retourner dans un port qu’ils avaient laissé huit lieues en arrière, et s’y équiper sans ménager les frais de tout ce qui leur était nécessaire pour un mortel combat. Un présent de mille ducats leur fit obtenir du gouverneur non-seulement la liberté d’acheter toutes sortes de munitions, mais celle même de se procurer deux grandes jonques, qui furent échangées contre celle de Faria, et d’engager cent soixante hommes pour le gouvernement des voiles. Tous les volontaires, à qui l’espérance du butin fit offrir leurs services, furent reçus et payés libéralement. Quiay-Panjam n’épargna point ses trésors. Ainsi, dans la revue générale qui se fit avant de lever l’ancre, nous nous trouvâmes au nombre de cinq cents hommes, soldats ou matelots, entre lesquels on compta quatre-vingt-quinze Portugais.

» Treize jours nous avaient suffi pour ce

  1. Ce mélange continuel de piété et de vengeance, de brigandage et de dévotion, est un caractère trop singulier pour échapper aux lecteurs ; et c’est partout dans cette histoire celui des Espagnols et des Portugais.