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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/63

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ner à terre, lorsque deux barques portugaises, chargées de pots-à-feu, s’avancèrent fort à propos pour y en jeter un fort grand nombre. Elles y mirent le feu avec une violence qui les fit brûler en un instant jusqu’à fleur d’eau. En vain les corsaires se jetèrent dans l’eau pour éviter les flammes ; ils y trouvèrent la mort par les mains de nos gens qui les tuaient à coups de piques. Il n’en périt pas moins de deux cents dans les quatre lantées ; car, celle qui avait perdu son capitaine étant tombée sous la jonque de Quiay-Panjam, il ne s’en sauva qu’un petit nombre, qui se jetèrent dans les flots.

» Ceux qui combattaient sur ces jonques ne se furent pas plus tôt aperçus de la ruine des lantées, qu’ils commencèrent à s’affaiblir, et plusieurs ne pensèrent qu’à chercher leur salut à la nage. Mais Coja-Acem, qui ne s’était pas encore fait reconnaître, accourut alors pour les encourager. Il portait une cotte d’armes écaillée de lames de fer, doublée de satin cramoisi, et bordée d’une frange d’or. Sa voix, qui se fit entendre avec une invocation de son prophète et des imprécations contre nous, ranima si vivement les plus timides, que, s’étant ralliés, ils nous firent tête avec une valeur surprenante. Faria, dont cette résistance ne fit qu’échauffer le courage, excita le nôtre par quelques mots pleins de foi, et se précipitant vers le chef des corsaires, qu’il regardait comme le principal objet de sa haine,