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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/91

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dans la sainte île de Calempluy ; que nous y étions arrivés pour accomplir notre vœu ; que notre seule intention, en le troublant dans sa solitude, était de lui demander particulièrement quelque aumône, comme un soulagement nécessaire à notre pauvreté, et que nous nous engagions à lui rendre dans trois ans le double de ce qu’il nous permettrait d’enlever.

» L’ermite parut méditer un moment sur ce qu’il venait d’entendre ; ensuite regardant Faria, qu’il crut reconnaître pour notre chef, il eut l’audace de le traiter de voleur et de lui reprocher sa criminelle entreprise : ce ne fut pas néanmoins sans joindre à ses injures des prières et des exhortations. Faria loua sa piété, et feignit même d’entrer dans ses vues ; mais, après l’avoir supplié de modérer son ressentiment, parce que nous n’avions pas d’autre ressource dans notre misère, il n’en ordonna pas moins à ses gens de visiter l’ermitage, et d’enlever tout ce qu’ils y trouveraient de précieux. Nous parcourûmes toutes les parties de cette espèce de temple qui était rempli de tombeaux, et nous en brisâmes un grand nombre, où nous trouvâmes de l’argent, mêlé avec les os des morts. L’ermite tomba deux fois évanoui pendant que Faria s’efforçait de le consoler. Nous portâmes à bord toutes les richesses que nous avions pu découvrir. La nuit qui s’approchait nous ôta la hardiesse de pénétrer plus loin dans un lieu que nous connaissions si peu ; mais comme l’occasion seule nous avait déci-