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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/101

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trop est donné aux pauvres, et jamais ils ne se réservent rien pour le lendemain.

Tavernier arrive enfin à la ville impériale d’Agra ; elle est à 27 degrés 31 minutes de latitude nord, dans un terroir sablonneux, qui l’expose pendant l’été à d’excessives chaleurs. C’est la plus grande ville des Indes, et la résidence ordinaire des empereurs mogols ; les maisons des grands y sont belles et bien bâties ; mais celles des particuliers, comme dans toutes les autres villes des Indes, n’ont rien d’agréable ; elles sont écartées les unes des autres, et cachées par la hauteur des murailles, dans la crainte qu’on n’y puisse apercevoir les femmes ; ce qui rend toutes ces villes beaucoup moins riantes que celles de l’Europe.

Du côté de la ville, on trouve une autre place devant le palais ; la première porte, qui n’a rien de magnifique, est gardée par quelques soldats. Lorsque les grandes chaleurs d’Agra forcent l’empereur de transporter sa cour à Delhy, ou lorsqu’il se met en campagne avec son armée, il donne la garde de son trésor au plus fidèle de ses omhras, qui ne s’éloigne pas nuit et jour de cette porte, où il a son logement. Ce fut dans une de ces absences du monarque que Tavernier obtint la permission de voir le palais. Toute la cour étant partie pour Delhy, le gouvernement du palais d’Agra fut confié à un seigneur qui aimait les Européens. Vélant, chef du comptoir hollandais, l’alla saluer, et lui offrit en épiceries, en cabinets du