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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/133

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vieilles femmes noires en sortirent successivement pour venir prendre de la main du roi les joyaux de Tavernier, qu’elles allaient montrer apparemment aux dames. Il observa qu’elles ne rapportaient rien ; d’où il conclut qu’il devait tenir ferme pour le prix. Aussi vendit-il fort avantageusement tout ce qui était entré au sérail, avec la satisfaction d’être payé sur-le-champ.

Dans un autre voyage qu’il fit à la même cour, il ne tira pas moins d’avantage de tout ce qu’il y avait porté pour le roi. Mais sa vie fut exposée au dernier danger par la fureur d’un Indien mahométan qui revenait de la Mecque. Il passait avec son frère et un chirurgien hollandais dans un chemin où d’un côté on a la rivière, et de l’autre un grand jardin fermé de palissades, entre lesquelles il reste des intervalles ouverts. L’assassin, qui était armé d’une pique, et caché derrière les palissades, poussa son arme pour l’enfoncer dans le corps d’un des trois étrangers. Il fut trop prompt, et la pointe leur passa devant le ventre à tous trois, ou du moins elle ne toucha qu’au vaste haut-de- chausses du chirurgien hollandais, qui saisit aussitôt le bois de la pique ; Tavernier le prit aussi de ses deux mains, tandis que son frère, plus jeune et plus dispos, sauta par-dessus la palissade, et perça l’Indien de trois coups d’épée dont il mourut sur-le-champ. Aussitôt quantité de Chinois et d’Indiens idolâtres, qui se trouvaient aux en-