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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/17

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d’accord ; et se tournant vers un seigneur qui était Persan comme lui, il lui dit : « Je crois que ce jeune homme a du cœur, puisqu’il parle avec tant d’estime de ceux qui en ont. »

« Le dîner fut servi avec plus de pompe que le précédent. Un écuyer tranchant, assis au milieu des grands vases dans lesquels on apportait les viandes, en mettait avec une cuillère dans de petits plats qu’on servait devant nous. Le gouverneur même nous servit quelquefois, pour nous témoigner son estime par cette marque de faveur. La salle était remplie d’officiers de guerre, dont les uns se tenaient debout la pique à la main, et les autres étaient assis près d’un réservoir d’eau qui s’offrait dans le même lieu. Après le dîner, le gouverneur, en nous congédiant, nous dit qu’il regrettait que ses affaires ne lui permissent pas de nous donner le divertissement des danseuses du pays. »

Ce seigneur était homme d’esprit, mais fier, et d’une sévérité dans son gouvernement qui tenait de la cruauté. Dans un autre dîner, il déclara qu’il voulait donner le reste du jour à la joie. Vingt danseuses, qui furent averties par ses ordres, arrivèrent aussitôt, se dépouillèrent de leurs habits, et se mirent à chanter et à danser nues avec plus de justesse et de légèreté que nos danseurs de corde. Elles avaient de petits cerceaux, dans lesquels un singe n’aurait pas passé avec plus de souplesse. Tous leurs mouvemens se faisaient en cadence, au son d’une musique qui était composée d’une tim-