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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/181

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fenêtre haute et large, à laquelle l’homme le plus grand n’atteindrait point d’en bas avec la main. C’est là qu’Aureng-Zeb se montrait en public, assis sur un trône, quelques-uns de ses fils à ses côtés, et plusieurs eunuques debout ; les uns pour chasser les mouches avec des queues de paon, les autres pour le rafraîchir avec de grands éventails, et d’autres pour être prêts à recevoir ses ordres. De là il voyait en bas autour de lui tous les omhras, les radjas et les ambassadeurs, debout aussi sur un divan entouré d’un balustre d’argent, les yeux baissés et les mains croisées sur l’estomac. Plus loin, il voyait les mansebdars, ou les moindres omhras debout comme les autres, et dans le même respect. Plus avant, dans le reste de la salle et dans la cour, sa vue pouvait s’étendre sur une foule de toutes sortes de gens. C’était dans ce lieu qu’il donnait audience à tout le monde, chaque jour à midi ; et de là venait à cette salle le nom d’amkas, qui signifie lieu d’assemblée commun aux grands et aux petits.

Pendant une heure et demie, qui était la durée ordinaire de cette auguste scène, l’empereur s’amusait d’abord à voir passer devant ses yeux un certain nombre des plus beaux chevaux de ses écuries, pour juger s’ils étaient en bon état et bien traités. Il se faisait amener aussi quelques éléphans, dont la propreté attirait toujours l’admiration de Bernier. Non-seulement, dit-il, leur sale et vilain corps était alors bien lavé et bien net, mais il était peint