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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/212

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établissent une partie de leurs femmes et de leurs concubines dans les différens lieux où leurs affaires les appellent pour y trouver une maison prête et toutes sortes de commodités. Ils en tirent aussi cet avantage, que les femmes de chaque maison s’efforcent par leurs caresses de les y attirer plus souvent. Ils les font garder par des eunuques et des esclaves, qui ne leur permettent pas même de voir leurs plus proches parens.

Ces soins n’empêchent pas qu’il n’arrive de grands désordres jusque dans le sérail de l’empereur. On peut s’en fier au témoignage de Bernier. « On vit, dit-il, Aureng-Zeb un peu dégoûté de Rochenara-Begum, sa favorite, parce qu’elle fut accusée d’avoir fait entrer à diverses fois dans le sérail deux hommes qui furent découverts et menés devant lui. Voici de quelle façon une vieille métisse de Portugal, qui avait été long-temps esclave dans le sérail, et qui avait la liberté d’y entrer et d’en sortir, me raconta la chose. Elle me dit que Rochenara-Begum , après avoir épuisé les forces d’un jeune homme pendant quelques jours qu’elle l’avait tenu caché, le donna à quelques-unes de ses femmes pour le conduire pendant la nuit au travers de quelques jardins et le faire sauver ; mais soit qu’elles eussent été découvertes, ou qu’elles craignissent de l’être, elles s’enfuirent, et le laissèrent errant parmi ces jardins, sans qu’il sût de quel côté tourner. Enfin, ayant été rencontré et mené