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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/265

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tout mon empire ; mais il n’a pas voulu l’accepter en entier, et, se contentant d’une partie, il m’a laissé maître comme j’étais de la couronne et du trône. En considération de cette générosité, je lui ai cédé, etc. »

Mohammed, par cet écrit signé de sa main et scellé de son sceau, abandonna ses droits sur les plus belles provinces. Nadir-Schah ne songea plus alors qu’à grossir ses richesses par de nouvelles extorsions : il exigea des omhras et de tous les habitans de la ville, des sommes proportionnées à leurs forces, sous le nom de présens. Quatre seigneurs mogols, chargés de l’exécution de cet ordre, firent un dénombrement exact de toutes les maisons de la ville , prirent les noms de ceux, qui devaient payer, et les taxèrent ensemble à un krore, et cinquante laks de roupies ; mais, lorsqu’ils présentèrent cette liste au roi, cette somme lui parut trop modique ; et, devenant furieux, il demanda sur-le-champ les quatre krores que Scadet-Khan lui avait promis. Les commissaires, effrayés, divisèrent entre eux les différens quartiers de la ville, et levèrent cette somme avec tant de rigueur, qu’ils firent mourir dans les tourmens plusieurs personnes de la plus haute distinction. À force de violence, ils ramassèrent trois krores de roupies, dont ils déposèrent deux et demi dans le trésor de Nadir-Schah, et gardèrent le reste pour eux. Un dervis, touché de compassion pour les malheurs du peuple, présenta au terrible