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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/28

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regarde en effet comme la plus belle ville de ses états.

Il s’associa ensuite avec un Hollandais qui faisait le voyage d’Agra jusqu’à Lahor ; le chemin n’est qu’une allée tirée à la ligne, et bordée de dattiers, de cocotiers et d’autres arbres qui défendent les voyageurs des ardeurs excessives du soleil. Les belles maisons qui se présentent de toute part , amusaient continuellement les yeux de Mandelslo ; tandis que les singes, les perroquets, les paons lui offraient un autre spectacle, et donnaient même quelquefois de l’exercice à ses armes. Il tua un gros serpent, un léopard et un chevreuil qui se trouvèrent dans son chemin. Les banians de la caravane s’affligeaient de lui voir ôter à des animaux une vie qu’il ne pouvait leur donner, et que le ciel ne leur accordait que pour le glorifier. Lorsqu’ils lui voyaient porter la main au pistolet, ils paraissaient irrités qu’il prît plaisir à violer en leur présence les lois de leur religion, et s’il avait la complaisance de leur épargner ce chagrin, il n’y avait rien qu’ils ne fissent pour lui plaire.

La plupart des habitans de Lahor ayant embrassé le mahométisme, on y voit un grand nombre de mosquées et de bains publics. Mandelslo eut la curiosité de voir un de ces bains, et de s’y baigner à la mode du pays. Il le trouva bâti à la persane, avec une voûte plate, et divisé en plusieurs appartemens de forme à demi ronde, fort étroits à l’entrée, larges au