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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/296

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tonnement, que c’était la ville de Delhy entière, parce que tous les habitans de cette capitale, ne vivant que de la cour et de l’armée, seraient exposés à mourir de faim, s’ils ne suivaient pas l’empereur, surtout dans ses longs voyages.

Si l’on demande comment une armée si nombreuse peut subsister, Bernier répond que les Indiens sont fort sobres, et que de cette multitude de cavaliers, il ne faut pas compter plus de la vingtième partie qui mange de la viande pendant la marche. Le kicheri, qui est un mélange de riz et de légumes, sur lesquels, on verse du beurre roux après les avoir fait cuire, est la nourriture ordinaire des Mogols. À l’égard des animaux, on sait que les chameaux résistent au travail, à la faim, à la soif, qu’ils vivent de peu, et qu’ils mangent de tout. Aussitôt qu’une armée arrive, on les mène brouter dans les champs, où ils se nourrissent de tout ce qu’ils peuvent trouver. D’ailleurs les mêmes marchands qui entretiennent les bazars à Delhy sont obligés de les entretenir en campagne. Enfin la plus basse partie du peuple rôde sans cesse dans les villages voisins du camp pour acheter du fourrage, sur lequel elle trouve quelque chose à gagner. Les plus pauvres raclent avec une espèce de truelle les campagnes entières, pour en enlever les petites herbes, qu’ils lavent soigneusement, et qu’ils vendent quelquefois assez cher.

Bernier s’excuse de n’avoir pas marqué les