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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/298

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d’un grand quart de lieue. Les maisons de cette ville sont beaucoup plus grandes que celles de Delhy et d’Agra ; mais, dans l’absence de la cour, qui n’avait pas fait ce voyage depuis plus de vingt ans, la plupart étaient tombées en ruine. Il ne restait que cinq ou six rues considérables, dont deux ou trois avaient plus d’une grande lieue de longueur, et dans lesquelles on voyait aussi une quantité d’édifices en ruine. Le palais impérial n’était plus sur le bord de la rivière. Bernier le trouva magnifique, quoique fort inférieur à ceux d’Agra et de Delhy.

L’empereur s’y arrêta plus de deux mois pour attendre la fonte des neiges, qui bouchaient le passage des montagnes. On engagea Bernier à se fournir d’une petite tente cachemirienne. La sienne était grande et pesante, et ses chameaux ne pouvant passer les montagnes, il aurait été obligé de la faire porter par des crocheteurs, avec beaucoup d’embarras et de dépense. Il se flattait qu’après avoir surmonté les chaleurs de Moka et de Babel-Mandel, il serait capable de braver celles du reste de la terre ; mais ce n’est pas sans raison, comme il l’apprit bientôt par expérience, que les Indiens mêmes appréhendent les onze ou douze jours de marche que l’on compte de Lahor à Bember, c’est-à-dire jusqu’à l’entrée des montagnes de Cachemire. Cet excès de chaleur vient, dit-il, de la situation de ces hautes montagnes, qui, se trouvant au nord