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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/327

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nois, et de simples bonnets rouges ; le reste de leur habillement était proportionné. Quelques-uns portaient des sabres, mais le reste marchait sans armes à la suite de leur chef. Ce ministre ayant traité avec Aureng-Zeb, lui promit que son maître ferait bâtir une mosquée dans sa capitale, qu’il lui paierait un tribut annuel, et que désormais il ferait marquer sa monnaie au coin mogol ; mais on était persuadé, ajoute Bernier, qu’après le départ d’Aureng-Zeb, ce prince ne ferait que rire du traité, comme il avait déjà fait de celui qu’il avait autrefois conclu avec Schah-Djehan.

L’ambassadeur avait amené un médecin qui se disait du royaume de Lassa, et de la tribu des lamas, qui est celle des prêtres ou des gens de lois du pays, comme celle des bramines dans les Indes, avec cette différence, que les bramines n’ont point de pontife, et que ceux de Lassa en reconnaissent un, qui est honoré dans toute la Tartarie comme une espèce de divinité. Ce médecin avait un livre de recettes qu’il refusa de vendre à Bernier, et dont les caractères avaient, de loin, quelque air des nôtres. Bernier le pria d’en écrire l’alphabet, mais il écrivait si lentement, et son écriture était si mauvaise en comparaison de celle du livre, qu’il ne donna pas une haute idée de son savoir. Il était fort attaché à la métempsycose, dont il expliquait la doctrine avec beaucoup de fables. Bernier lui rendit une visite particulière, avec un marchand de Cachemire qui