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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/374

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fut accusé d’avoir travaillé à la conversion du gouverneur de Malacca, et d’avoir brûlé plusieurs livres de la religion hollandaise. Il se justifia sur ce dernier article en protestant que, quelque opinion qu’il eût de ces livres, il ne lui en était jamais tombé entre les mains. Mais il n’en reçut pas moins sa sentence, qui contenait trois articles. Par les deux premiers, il était condamné à un bannissement perpétuel de toutes les terres de Hollande, et à payer une amende de quatre cents écus d’or. Le troisième, qui lui fut le plus douloureux, portait que les ornemens ecclésiastiques, les images et le crucifix qu’on lui avait enlevés seraient brûlés par la main du bourreau, et qu’il assisterait sous un gibet à cette exécution. Ses représentations et ses larmes ne purent fléchir ses juges. S’il fut dispensé de paraître sous le gibet, il n’eut cette obligation qu’à la politique du gouverneur, qui craignit un soulèvement des catholiques de la ville. On suppléa même à cette espèce d’adoucissement en faisant pendre deux voleurs tandis que l’on brûlait le crucifix et les images. Ce n’est pas là de la tolérance, il s’en faut de beaucoup ; mais il faut avouer qu’on ne leur en avait pas donné l’exemple.

Des deux autres articles, le premier ne put être exécuté sur-le-champ, parce que le père de Rhodes n’était point assez riche pour satisfaire au second. Il fut retenu pendant trois mois dans les chaînes ; et sa réponse aux offres qu’on lui faisait de le rendre libre aussitôt