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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/54

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son peintre. « Hé bien ! qu’en dites-vous ? » reprit-il. Je répondis que sa majesté n’avait pas besoin qu’on lui envoyât des peintres d’Angleterre. « Que donnerez-vous au peintre ? » me demanda-t-il. Je lui répondis que, puisque son peintre avait surpassé de si loin mon attente, je lui donnerais le double de ce que j’avais promis, et que, s’il venait chez moi, je lui ferais présent de cent roupies pour acheter un cheval. L’empereur approuva mes offres ; mais, après avoir ajouté que son peintre aimerait mieux toute autre chose que de l’argent, il revint à me demander quel présent je lui ferais. Je lui dis que cela devait dépendre de ma discrétion. Il en demeura d’accord. Cependant il voulut savoir absolument quel présent je ferais. Je lui donnerai, répondis-je, une bonne épée, un pistolet et un tableau. « Enfin, reprit le monarque, vous demeurez d’accord que c’est un bon peintre ; faites-le venir chez vous, montrez-lui vos curiosités, et laissez-le choisir ce qu’il voudra. Il vous donnera une de ses copies pour la faire voir en Angleterre et prouver à vos Européens que nous sommes moins ignorans dans cet art qu’ils ne se l’imaginent. » Il me pressa de choisir une des copies ; je me hâtai d’obéir : il la prit, l’enveloppa lui-même dans du papier, et la mit dans la boîte qui avait servi à l’original, en marquant sa joie de la victoire qu’il attribuait à son peintre. Je lui montrai alors un petit portrait que j’avais de lui, mais dont la manière