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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/58

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qu’il me le rendrait, et que ses femmes en porteraient les copies sur elles. En effet, pour une miniature, on ne pouvait rien voir de plus achevé. L’autre peinture, qui était à l’huile, ne lui parut pas si belle.

» Il me dit ensuite que ce jour était celui de sa naissance, et que tout l’empire en célébrait la fête ; sur quoi il me demanda si je ne voulais pas boire avec lui. Je lui répondis que je me soumettais à ses ordres, et je lui souhaitai de longues et heureuse années, et que la même cérémonie pût être renouvelée dans un siècle. Il voulut savoir quel vin était de mon goût, si je l’aimais naturel ou composé, doux ou violent. Je lui promis de le boire volontiers tel qu’il me le ferait donner, dans l’espérance qu’il ne m’ordonnerait point d’en boire trop, ni de trop fort. Il se fit apporter une coupe d’or pleine de vin mêlé, moitié de vin de grappes, moitié de vin artificiel. Il en but ; et, l’ayant fait remplir, il me l’envoya par un de ses officiers, avec cet obligeant message, qu’il me priait d’en boire deux, trois, quatre et cinq fois à sa santé, et d’accepter la coupe comme un présent qu’il en faisait avec joie. Je bus un peu de vin ; mais jamais je n’en avais bu de si fort. Il me fit éternuer. L’empereur se mit à rire, et me fit présenter des raisins, des amandes et des citrons coupés par tranches dans un plat d’or, en me priant de boire et manger librement. Je lui fis une révérence européenne pour le remercier de tant de faveurs. Asaph-