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pereur descendit par les degrés de la tour avec tant d’acclamation, qu’on n’aurait point entendu le bruit du tonnerre. Rhoé se pressa pour arriver proche de lui au bas des degrés. Un de ses courtisans lui présenta dans un bassin une carpe monstrueuse. Un autre lui offrit dans un plat une matière aussi blanche que de l’amidon. Le monarque y mit le doigt, en toucha la carpe et s’en frotta le front ; cérémonie qui passe dans l’Indoustan pour un présage de bonne fortune. Un autre seigneur passa son épée dans les pendans de son baudrier. L’épée et les boucles étaient couvertes de diamans et de rubis ; le baudrier de même. Un autre encore lui mit son carquois, avec trente flèches et son arc, dans le même étui que l’ambassadeur de Perse lui avait présenté. Son turban était fort riche. On y voyait paraître des bouts de corne. D’un côté pendait un rubis hors d’œuvre de la grosseur d’une noix, et de l’autre un diamant de la même grosseur. Le milieu offrait une émeraude beaucoup plus grosse, taillée en forme de cœur. Le bourrelet du turban était enrichi d’une chaîne de diamans, de rubis et de grosses perles, qui faisaient plusieurs tours. Son collier était une chaîne de perles trois fois plus grosses que les plus belles que Rhoé eût jamais vues. Au-dessous des coudes il avait un triple bracelet des mêmes perles. Il avait la main nue, avec une bague précieuse à chaque doigt. Ses gants, qui venaient d’Angleterre, étaient passés dans