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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/89

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point à cette expérience, fit écrire sur douze billets différens les noms de douze législateurs, tels que de Moïse, de Jésus-Christ, de Mahomet, d’Aly, etc., et les ayant mêlés dans un vase, il demanda au singe quel était celui qui avait publié la véritable loi. Le singe mit sa main dans le vase, et tira le nom du législateur des chrétiens. L’empereur, fort étonné, soupçonna le maître du singe de savoir lire les caractères persans, et d’avoir dressé l’animal à faire cette distinction. Il prit la peine d’écrire les mêmes noms de sa propre main, avec les chiffres qu’il employait pour donner des ordres secrets à ses ministres. Le singe ne s’y trompa point ; il prit une seconde fois le nom de Jésus-Chrit et le baisa. Un des principaux officiers de la cour dit à l’empereur qu’il y avait nécessairement quelque supercherie, et lui demanda la permission de mêler les billets, avec offre de se livrer à toutes sortes de supplices, si le singe ne manquait pas son rôle. Il écrivit encore une fois les douze noms ; mais il n’en mit que onze dans le vase, et retint l’autre dans sa main. Le singe les toucha tous l’un après l’autre sans en vouloir prendre aucun. L’empereur, véritablement surpris, s’efforça de lui en faire prendre un. Mais l’animal se mit en furie, et fit entendre par divers signes que le nom du vrai législateur n’était pas dans le vase. L’empereur lui demanda où il était donc. Il courut vers l'officier, et lui prit la main dans laquelle était le nom qu’on lui de-